Mon oeuvre coup de coeur

Les agents du service des Musées et des Archives vous partagent leur oeuvre coup de coeur.


Le globe céleste

Comme son nom l’indique, ce globe témoigne de l’état des connaissances sur l’astronomie au temps de la Renaissance. 

Il a été conçu en 1603 par Jost Miller, dont le nom figure sur le cercle méridien, mais il est avant tout le fruit d’une collaboration entre plusieurs intervenants. Les cartouches peints sur le globe nous renseignent sur ces différents contributeurs. 

Le globe céleste présent au Musée Historique a été rénové en 1667 par d’autres intervenants suivant les mêmes principes.

La sphère a été réalisée avec des feuilles de papier collées les unes sur les autres en trois couches successives. En 1603, le papier utilisé provient d’un livre du XVIIème siècle, ce qui ajoute à sa valeur. 

Le globe a été acquis par la ville de Haguenau le 28 juin 1843, à des fins d’études, pour la bibliothèque municipale. 

Ce globe est une pièce fascinante pour tous les férus d’astronomie. 

Magalie Ferrari


La faïence Hannong et les fleurs des Indes

La faïence Hannong

Charles-François Hannong, né en Hollande, crée la manufacture qui porte son nom en 1721, à Strasbourg. Il se développe rapidement et ouvre une seconde fabrique à Haguenau en 1724. 

Le décor fleurs des Indes

Nous allons nous intéresser aux décors d’un plat des collections du musée. 

Ce plat date de 1745 environ. Il présente un décor constitué de fleurs des Indes polychromes à tiges noires accompagnées d’une perdrix et de deux insectes réalistes.

Nous observons un contour noir autour des décors. Ces dessins appelés « dessins châtironnés » servent de repères avant de compléter l’intérieur. 

La composition du décor est excentrée, les fleurs partent de la bordure du plat pour se diriger vers le centre. Les fleurs des Indes sont très stylisées et, pour la plupart d’entre elles, purement fantaisistes, ces fleurs combinent des éléments dérivés des porcelaines chinoises ou japonaises pour créer un type de décor inédit. 

Grand feu contre petit feu : deux procédés de décor

Tandis que les faïences de grand feu sont décorées sur émail cru, les faïences de petit feu sont décorées sur émail cuit.

La technique utilisée pour le plat est le décor de grand feu. Après une première cuisson, la faïence est couverte d’un émail. Ensuite, le décor est peint directement sur l’émail cru. L’opération est très délicate car l’émail est encore poreux et ne permet aucune retouche.

Les couleurs « au grand feu » doivent supporter une cuisson à haute température (1200°C). Jusqu’au XVIIIème siècle, la palette de couleurs est réduite : bleu de cobalt, vert, jaune, rouge de cuivre, brun violacé de manganèse et rouge de fer.

Plus tard, les faïences de petit feu se pareront de vert pâle, d’or et de pourpre de Cassius qui donnera aux bouquets de roses un rouge éclatant.

Clémence Nicloux


Le cardinal Albrecht de Brandebourg

Un oeuvre remarquable exposée au musée historique…un tableau de 1527 de Lucas Cranach l’ancien !

En 1908, des œuvres et des objets issus de collections privées sont exposés au musée historique. Un tableau de Lucas Cranach der Ältere, peintre de la Renaissance allemande, représentant le cardinal Albrecht de Brandebourg en saint Jérôme, est montré aux Haguenoviens.

Ce tableau est la propriété du capitaine de cavalerie à Haguenau Kurt Schaumann, père de l’écrivain Ruth Schaumann.

Je découvre ces photos lors d’un travail d’inventaire et de numérisation du fonds photographique. La curiosité m’a poussé à essayer de retrouver ce tableau. Où est-il aujourd’hui ?

Il est localisé rapidement en Amérique, dans l’Etat de l’Arizona. Il fait désormais parti des collections du musée d’Art « The Ringling ». Après de laborieuses recherches pour trouver le lien entre la famille Hollandt et la famille Schaumann, et quelques échanges de mails avec Sarah Cartwright conservatrice du musée, la rubrique « provenance » de cette œuvre a été complétée en mentionnant sa présence en 1908 à Haguenau.

Découvrez le tableau en cliquant sur le lien ci-dessous !

https://emuseum.ringling.org/emuseum/objects/21869/cardinal-albrecht-of-brandenburg-as-saint-jerome?ctx=409a6822-4ac6-46d9-a5e5-4f62220930d3&idx=1

Suzanne Muller


Le Grand Duc

Le Grand-duc, Hans Gsell, sculpture en bronze, début 20ème siècle.  

Malgré ce que son nom pourrait laisser croire, ce hibou est en fait de taille très modeste… il ne mesure que 15 cm de haut, à peine plus que son socle en marbre ! Ce qui n’enlève rien à la qualité des modelés et à la finesse des détails qui le rendent si réaliste. C’est pourquoi cet oiseau est mon chouchou parmi les collections du Musée Historique et que je le surnomme affectueusement Le P’tit-duc !

Hans Gsell (1884-1915) était un artiste haguenovien, dessinateur et sculpteur animalier. La vie de cet artiste-peintre mais surtout sculpteur fut brève puisque Hans Gsell naquit en février 1884 à Haguenau et mourut au champ d’honneur à Savonnières-en-Woëvre en 1915. Il débuta comme artiste-peintre et fit ses études successivement à Dresde, Karlsruhe et Munich où il fut l’élève du peintre animalier Heinrich von Zügel. C’est alors qu’il abandonna la peinture pour se consacrer à la sculpture d’animaux.

Le Musée historique de Haguenau lui consacra une exposition en 1930-1931. Par la suite, la Ville de Haguenau acheta à Mme Herta Brender, née Gsell, cette œuvre en 1954. Le Musée conserve aussi une magnifique sculpture de Faucon et un paysage peint de Hans Gsell.

Emilie Demongin

Assistante principale de conservation du Patrimoine


Le cadran solaire

Au détour d’une rue, vous avez peut-être déjà croisé un cadran solaire ornant un pan de mur, ou sous forme de sculpture près d’un monument ou dans un parc. Ce système très ancien permet avant tout de mesurer le temps grâce à son maître : le soleil.

Et voilà une découverte originale faite dans les réserves du musée : un cadran solaire polyédrique portatif. Cet objet est désormais exposé dans la nouvelle salle dédiée au XVIIIème siècle au Musée Historique de Haguenau… Il faudra encore patienter pour l’admirer en vrai, mais en attendant voici quelques explications sur ce cadran :

Ce cadran solaire léger et relativement petit, d’où son côté « portatif », est composé d’un cube monté sur un pied, intégrant une boussole et recouvert de papier imprimé. L’inventeur de ce cadran était David Beringer (1756-1821), fabricant d’instrument scientifique et artisan dieppois installé à Nuremberg en Allemagne.

  Cadran solaire polyédrique de Béringer, bois, papier, laiton, XVIIIème siècle

Il est dit polyédrique, c’est-à dire composé de plusieurs faces. Notre modèle comporte 5 faces (septentrionale, méridionale, orientale, occidentale et une horizontale) portant chacune un style ou gnomon (en l’occurrence ici une plaquette de laiton). Un fil de plomb, disparu, était fixé sur la partie supérieure de la face orientale et permettait de positionner le cube en fonction de la latitude du lieu d’observation. On pouvait ainsi pencher le cube, en avant ou en arrière, sur son pied articulé jusqu’à atteindre la graduation de la latitude choisie, inscrite sur la partie inférieure de cette face. Chaque style, éclairé par le soleil, projetait ainsi une ombre sur une table graduée qui donnait l’heure solaire. 

D’ailleurs, de ce système de mesure du temps, subsistent encore des expressions comme « chacun voit midi à sa porte » ou « chercher midi à quatorze heures »…   

Stéphanie Arnold-Marbach