Les coups de coeur des guides

DU MUSEE DU BAGAGE

Les guides du Musée du Bagage nous révèlent leurs coups de coeur !

Malle courrier plate Vuitton

Cette malle appartenait au Grand-Duc Cyrille de Russie, cousin du Tsar Nicolas II. Commandée en deux exemplaires à la maison Vuitton, notre musée possède le modèle pour dame. Elle est marquée au nom du chef de famille avec l’initiale K pour Kyrill en russe, d’une ancre de marine indiquant son grade d’Amiral et d’une couronne à une branche soulignant son rang. L’indication du titre de noblesse n’est pas seulement une marque de prestige. Elle informe aussi le personnel des hôtels sur la manière de nommer le client. Plus il y a de branches à la couronne, moins le rang de noblesse est élevé.

Cette malle courrier a voyagé dans le luxe à travers toute l’Europe et connu bien de prestigieux hôtels ou lieux de villégiature. Hélas, le destin peut se montrer tragique et cruel.

En février 1917, pendant la révolution, le Grand-Duc se réfugie en Finlande où son épouse, Princesse allemande et petite fille de la Reine Victoria, accouche de son troisième enfant. Mais trop proche des Bolchéviques, ils sont contraints de fuir à nouveau. Chassés d’Allemagne, ils trouvent asile en France. Saint Briac en Bretagne deviendra le lieu de rassemblement de l’aristocratie russe en exil. En 1918, à la mort de son cousin Nicolas II, le Grand-Duc devenant l’héritier légitime, se proclame « Tsar de toutes les Russies ». Toutefois, le reste de la famille impériale s’y oppose fermement en lui reprochant d’avoir un temps adhéré aux idées révolutionnaires.

Jamais aucun gouvernement ne reconnaîtra ce titre. Le Grand-Duc Cyrille meurt en 1938, et sa descendance rêve encore sans doute à ce prestigieux héritage.

Mais cela est une autre histoire …………….

Cyrille

Pourquoi autant de malles à chapeaux ?

Jusque dans les années 50, on ne sort pas tête nue. Les chapeaux restent un élément très important et incontournable de la toilette féminine tout autant que masculine et font office de marqueur social.

Ainsi les premières malles spécialisées et vouées à un élément de la garde-robe sont bien celles des chapeaux. Ces malles répondent à de nombreux impératifs. Le plus important est de contenir dans un si petit espace, aussi bien le chapeau que ses accessoires. Un carton d’habillage assure également une double protection. Le malletier va créer sur mesure une malle adaptée à la forme du chapeau au millimètre près, comme celle originale du bicorne. Le cuir et le laiton sont employés pour le haut de gamme, ou le carton pour le chapeau claque à l’origine des coups au théâtre.

Une femme conservera son chapeau pendant les visites, au restaurant, au théâtre ou au concert, car sortir en « cheveux » est indécent .Exception faite pour le dîner ou le bal !  Quant aux  hommes, obligation de se découvrir dans un lieu public ou religieux, ou pour saluer dans la rue. Et naturellement ces personnes changent de chapeau suivant le moment de la journée ou en fonction de l’activité et des distractions. Les voyages et les lieux de villégiature ne modifieront pas ces usages vestimentaires qui sont surtout des usages sociaux. Pour l’aristocratie ou la haute bourgeoisie ces malles deviendront donc vite indispensables.

 Notons toutefois, que ces couvre-chefs  sont pour tous « une obligation sociale » dont on ne pouvait se passer, et non un luxe réservé aux classes supérieures.

Si aujourd’hui le chapeau est devenu un simple accessoire de mode, le souvenir de son usage constant et de son importance persiste dans des expressions courantes « porter le chapeau », « coup de chapeau » etc………….

A vous d’en trouver d’autres !

Disou

Le nécessaire à thé

Dans l’occident du 19ième siècle, le rituel du thé marquait un moment de la journée où l’on se réunissait en famille ou avec des amis pour discuter de manière informelle. Même en voyage, ce cérémonial était respecté grâce à des nécessaires à thé transportables. Tout s’y trouvait réuni : théière, crémier, sucrier, tasses et cuillers, et naturellement l’indispensable réchaud.

 Encore plus ingénieux, certains artisans avaient créé des nécessaires adaptés au voyage en chemin de fer, mode de transport alors en plein essor. Une lanière de cuir spécialement façonnée permettait de coincer le panier à la vitre du wagon. Une tablette rabattable offrait une surface suffisante pour préparer la boisson dans les règles. Un comble dans le détail est l’éteignoir qui permettait d’étouffer la flamme du réchaud.

Marie-Antoine Klein


La Malle Bibliothèque

A une époque où le livre de poche n’existait pas, transporter ses livres en tant que bibliophile ou écrivain était une étape compliquée. Gaston-Louis Vuitton, amateur de littérature, décida de prendre en main ce problème afin de permettre à tous d’emporter leurs ouvrages durant leur voyage, ou à l’inverse, de rapporter des éditions rares depuis l‘autre bout du monde.

Voici donc un exemple de malle bibliothèque de la marque Louis Vuitton (on reconnaît là son célèbre monogramme) en cuir et laiton massif datant des années 1930. Les matières sont nobles, il s’agit là d’un vrai petit bijou du voyage.

Les ouvrages précieux étaient ainsi protégés du temps et du voyage dans cette écrin qui, comme on le voit sur les côtés, s’adapte à la taille et au volume des livres. Une sangle permet de tenir les livres dans le fond. Le grand tiroir permettait quant à lui de ranger les grandes revues ou une machine à écrire. Les deux côtés de la malle se rabattent pour une nouvelle protection.

Cette malle est une réelle invitation au voyage, en plus des kilomètres qu’elle a parcouru  avec son propriétaire lors de leurs voyages, le contenu de celle-ci fait également voyager…

Célia

Malle-Lit marque Vuitton 1868 bois et métal

Le plus ancien modèle connu à ce jour, créé pour des aventuriers en quête de confort. Cette malle une fois replié offre un faible encombrement et peut-être transportée par 2 porteurs .. Ainsi les explorateurs et autres aventuriers ne souffriront plus des insectes et autres rampants….ni de courbatures !!!

Mais cette malle-lit appelée aussi malle-Brazza, en référence à l’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza (1852-1905) raconte une extraordinaire histoire.

Brazza, jeune comte italien, naturalisé français, diplômé de l’Ecole Navale de Brest, s’est mis en tête de résoudre une énigme géographique : retracer le cours du Congo, le plus large et le plus puissant des fleuves après l’Amazone. En 1875, accompagné d’un militaire, d’un naturaliste, d’un médecin, et de porteurs, il accomplit son rêve : pénétrer ce mystérieux « royaume de Makoko ».

Il repart en exploration en 1878, après avoir passé commande à la maison Vuitton d’une malle-lit et d’autres bagages pour affronter la jungle dans de meilleures conditions. L’expédition est couronnée de succès. Le 10 septembre 1880, Brazza signe avec Makoko 1er, Roi des Batékés, un traité d’amitié qui place ses états sous protectorat Français. La légende rapporte que c’est assis sur le lit pliant de sa malle Vuitton que Brazza négocie avec Makoko. De ses découvertes naîtra l’Afrique Equatoriale Française et la capitale Brazzaville. Parfois, le bagage se révèle un précieux auxiliaire de la diplomatie.

Pour sa dernière expédition au Congo en 1901, il commande une deuxième malle-lit pour sa jeune épouse qui l’accompagnera. Mais, en 1905, Brazza malade et ruiné, meurt à Dakar sur le chemin du retour. Bien plus tard, après de multiples péripéties, sa sépulture sera transférée à Brazzaville. 

Mais cela est une autre histoire……

Disou

La boîte à col

Qu’elle soit ronde, ovale ou oblongue, une boîte à cols n’attire pas forcément le regard. Elle témoigne cependant de toute une période de la chemise masculine. 

 Longtemps cachés sous les autres vêtements, la chemise et son col commencent à se montrer au 19ième siècle. Mais il fallait être fortuné pour posséder plusieurs de ces chemises. C’est ainsi qu’est né le col amovible, lavé à part et plus fréquemment. L’autre avantage pour la grande bourgeoisie était celui de de ne pas avoir à se changer selon le moment de la journée. Tout en respectant les codes sociaux, on pouvait ainsi porter un col classique en journée puis un col cassé le soir tout en gardant la même chemise. 

 Au 20ième siècle, la machine à laver aura raison de ces pratiques. Devenue inutiles en tant que telles, les boîtes à cols sont maintenant collectionnées pour la beauté de leur cuir, leur qualité d’exécution et pour y ranger ce qu’on veut. 

Marie-Antoinette Klein

Malle Lily Pons

Non ! Rien ne sera dit sur le pied ni la chaussure en regard des fantasmes que l’un comme l’autre pourraient susciter. Si fantasme il y a, ce serait plutôt celui de posséder autant de chaussures que le personnage de Carrie Bradshaw, qui dans « Sex and the City », les amasse par dizaines. Ce n’est probablement pas par hasard si l’interprète du rôle, Sarah Jessica Parker, est elle-même collectionneuse acharnée. Elle ne fait que suivre en cela Lily Pons, cantatrice soprano de la première moitié du 20ième siècle.

Cette dernière, réputée pour avoir un joli petit pied, ne voyageait jamais avec moins de 36 paires, abritées dans une malle créée pour elle par Vuitton. L’aménagement original de ce bagage, combiné à la célébrité de sa propriétaire, fait qu’encore aujourd’hui, ces malles à chaussures soient connues sous le nom de « malle Lily Pons ».

Marie-Antoinette Klein

Valise landau

Cette valise landau est un modèle rare.  Elle permettait à une maman d’emporter le landau facilement valise pliée. Il ne s’agit pas de la plus jolie des valises mais celle-ci était en tout cas bien pratique. Une fois la valise dépliée on obtient donc un landau, avec la ceinture de sécurité en cuir ! L’enfant était donc bien maintenu, en sécurité, pour le confort c’est une autre histoire…

On pensera à retirer l’enfant avant de replier la valise.

Célia

La canne à sac

Curieux objet que cette « canne à sac ».

Son inventeur a en tout cas fait preuve de beaucoup d’ingéniosité.

Il s’agit d’un modèle unique, réalisé à partir d’une canne à laquelle ont été ajouté des roulettes qui permettent un tournant efficace.

Les crochets sur les côtés permettent d’y suspendre deux sacs de voyages interchangeables. Voilà qui facilitait grandement les déplacements, il n’était plus nécessaire de se fatiguer au transport des sacs de voyages.

On retrouve là l’ancêtre du trolley actuel.

Célia

Malle Courrier plate Vuitton

Bois, cuir et laiton 1903

Cette malle appartenait au Grand-Duc Cyrille de Russie, cousin du Tsar Nicolas II. Commandée en deux exemplaires à la maison Vuitton, notre musée possède le modèle pour dame. Elle est marquée au nom du chef de famille avec l’initiale K pour Kyrill en russe, d’une ancre de marine indiquant son grade d’Amiral et d’une couronne à une branche soulignant son rang. L’indication du titre de noblesse n’est pas seulement une marque de prestige. Elle informe aussi le personnel des hôtels sur la manière de nommer le client. Plus il y a de branches à la couronne, moins le rang de noblesse est élevé.

Cette malle courrier a voyagé dans le luxe à travers toute l’Europe et connu bien de prestigieux hôtels ou lieux de villégiature. Hélas, le destin peut se montrer tragique et cruel.

En février 1917, pendant la révolution, le Grand-Duc se réfugie en Finlande où son épouse, Princesse allemande et petite fille de la Reine Victoria, accouche de son troisième enfant. Mais trop proche des Bolchéviques, ils sont contraints de fuir à nouveau. Chassés d’Allemagne, ils trouvent asile en France. Saint Briac en Bretagne deviendra le lieu de rassemblement de l’aristocratie russe en exil. En 1918, à la mort de son cousin Nicolas II, le Grand-Duc devenant l’héritier légitime, se proclame « Tsar de toutes les Russies ». Toutefois, le reste de la famille impériale s’y oppose fermement en lui reprochant d’avoir un temps adhéré aux idées révolutionnaires.

Jamais aucun gouvernement ne reconnaîtra ce titre. Le Grand-Duc Cyrille meurt en 1938, et sa descendance rêve encore sans doute à ce prestigieux héritage.

Mais cela est une autre histoire …………….

Disou

Nécessaire de voyage en acajou

Marque Maire, fin 18e siècle

Fût : acajou massif et cuir.

Accessoires : Argent, Ebène, Ivoire, Porcelaine.

En usage depuis le 17è siècle, le nécessaire de voyage rassemble tous les accessoires de toilette et objets précieux indispensables à tout aristocrate et riche bourgeois en voyage. Il connait un fort engouement dans les dernières années du 18é siècle et sous l’Empire.

La maison parisienne Maire était l’une des plus réputée pour la fabrication de tels coffrets. Les accessoires étaient fabriqués par des orfèvres tout aussi réputés. Véritable bijou de raffinement, ce nécessaire allie l’utilisation de matières précieuses, un compartimentage complexe et une qualité de fabrication exceptionnelle. Les objets contenus dans ce coffret datent de l’époque Louis XVI. Paradoxalement, ce coffret de grand luxe se limite au stricte nécessaire indispensable à la toilette, et élimine tout superflu.

Mais ce pur joyau contenait également une lettre qui nous laisse deviner une belle histoire……….. « Ce nécessaire a été donné le 26 mai 1917 à Pierre Houzé de l’Aulnoit par la comtesse de Belloy et avait appartenu auparavant à son beau-père, le comte de Belloy »…….. suivait une description détaillée de l’objet.

A nous toutes les interrogations au sujet de ce don. Pendant la guerre les châteaux étaient souvent transformés en hôpitaux. Pierre Houzé était-il un soldat blessé et soigné au château ? Ou bien était-il un médecin soignant un membre de la famille? Quelle est la raison de ce cadeau aux armes des de Belloy? A nous toutes les suppositions, geste de reconnaissance, d’amitié ou même d’amour ? le mystère reste entier.

Mais cela est une autre histoire ……

Disou